by Carole Villiger
Quel est le point commun entre la condition des ouvrières à la fin du 19e siècle, les trajectoires féminines au sein du parti communiste, durant la première partie du 20e siècle, les stratégies des femmes migrantes dans le deuxième après-guerre ou encore l’égalité des chances à la SSR, au tournant du nouveau millénaire ? La réponse se trouve essentiellement dans les relations compliquées entre le mouvement ouvrier et les femmes. De tout temps, la construction masculine du mouvement ouvrier, les contradictions entre son discours à l’égard des droits et des libertés des femmes et ses pratiques ont été dénoncées par les mouvements féministes.
Sur le plan de la recherche académique, la difficulté archivistique ainsi qu’une conjoncture historiographique peu favorable ont eu comme corollaire une marginalisation des travaux sur ce sujet. Toutefois, malgré ces obstacles, l’approche qui consiste à croiser les paradigmes «femmes» et «mouvement ouvrier» dans l’analyse des inégalités du monde professionnel suscite une attention croissante. Ceci, probablement en raison des fortes tensions que ce
dernier a connu ces dernières décennies.
Le rôle des syndicats est largement abordé par ce numéro sur les femmes et le mouvement ouvrier. Comment ont-ils intégré les questions de genre dans leurs luttes tout au long du 20e siècle ? De quelle façon ont-ils contribué à l’égalité entre les hommes et les femmes dans les conventions collectives de travail et dans les politiques du personnel ? Comment, dans la dernière décennie, ont-ils adhéré à une vision managériale du travail en soutenant les politiques de «diversity management» et en prônant l’intégration des femmes en tant qu’élément d’amélioration économique ? Les articles de ce numéro des Cahiers d’histoire du mouvement ouvrier offrent un éclairage historique à ces questions.
Edition d'En Bas